Retour aux sources
Sur les chemins de mon adolescence.
Charette-Varennes, Vendredi 25 Octobre.
Une extrême douceur m’accompagne en cette fin de journée, que confirme le tsiip lointain d’un Bruant jaune et les stridulations des insectes pastoraux.
Deux Grimpereaux inspectent minutieusement les vieilles branches d’un saule à moitié nu. Dans les airs, les groupes d’étourneaux chassent à la manière des Guêpiers. Les insectivores se régalent cet après-midi.
Papillons et libellules entament un ultime baroud d’honneur sous le soleil déclinant alors que je suffoque sous mon tee-shirt manche longue : c’est l’été indien en Bresse.
Rapidement, les sentiers que j’arpentais naguère sont envahis de ronces. Quant au petit chemin qui descendait entre deux prés vers un bras mort, et ses merveilleuses Gorgebleues, il n’est plus.
« Pas le choix, il faut couper à travers champs pour continuer ! » semble me narguer une Mésange bleue qui ne connait pas ce genre d’obstacle.
J’arrive enfin au bord du Doubs: à ma droite, en grignotant les terres cultivées, la rivière a dessiné une courbe parfaite. Elle s’est arrondie telle une femme enceinte.
A ma gauche, au bout d’une haie, un mirador témoigne des intentions peu amicales des hommes en kaki. La vie, la mort.
Lays sur le Doubs, Samedi 26 Octobre.
Le brouillard fait la grasse matinée. Je suis allongé sur les galets, à deux mètres de la rive gauche, téléobjectif à bout de bras, sans camouflage, sans bouger. Les oiseaux défilent autour de ma carcasse: bergeronnettes, pipits, étourneaux, grives… A un moment, ce sont 3 rafales bleues qui me rasent la tête : une escadrille de Martin-Pêcheur.
Au bord de l’eau, quelques silhouettes s’animent, fantômes minuscules dans le viseur. Je les laisse approcher. La Bergeronnette grise est la plus familière, avec une certaine audace, elle viendra par deux fois me toiser.
Un peu plus tard, longeant elle aussi la rive, une Aigrette garzette me dépasse sur ma droite, d’un pas plus alerte et pas vraiment rassurée devant cette épave bizarre qui fait clic-clac. Elle ne s’attarde pas.
Quant aux Pipits spioncelle de passage, pourtant nombreux ce matin, ils semblent résolus à garder leur distance. Deux d’entre eux se jaugent pendant quelques minutes, la confrontation (ou la danse ?) se termine dans une ultime envolée, puis plus rien. Le soleil finit par percer. La place est vide. Un peu engourdi, je me remets sur mes deux jambes, avec le sentiment étrange d’avoir voyagé dans le temps.
Cette entrée a été postée le mardi, octobre 29th, 2019 at 12 h 50 min
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